
La nuit, rivière aux étoiles, allaite la mer silencieuse et nourrit de bleu le reflet des courants.
Accoudé au bastingage, indifférent aux astres, au chant des baleines, je vois dans tes iris, à la lueur d’un fanal, scintiller des poissons de phosphore.
Le temps emplit ses sabliers des cendres de nos rêves. Des souvenirs dressent entre toi et moi d’invisibles murailles, d’infranchissables murs d’air. Le désir tend ses câbles dans mon dos.
J’espère la radiation ultime qui dissoudra l’acier des parois, le cristal du silence.
La mer s’offre à la proue du bateau et l’étrave lourde propage une onde grise. D’une chiquenaude, le noroît déquille les transparentes épontilles où j’étais arrimé.
Déferlantes.
Le navire dévasté sombre. J’ai, en sautant dans le flot vert, un voile aux yeux, à l’âme une amertume. La chute est ma demeure. Chaque inspiration colle à mes narines des flocons d’écume.
Saoulé du sel des houles, roulé par les vagues, je suis laminé par les roches, blessé par les chaluts racleur de fonds.
Mon âme, brodée d’algues, erre sur l’estran. Mon corps flotte, lavé par les lames, la peau percée d’éclats nacrés.
C’est beau.
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