Ma mère n’est pas morte.
Ce n’était pas elle dans son cercueil. Un fond de teint beigeasse plâtrait son visage. Je ne l’ai pas reconnue. Le mannequin de cire qui la remplaçait ne lui ressemblait pas. Sa tête, trop légère, ne creusait pas le coussin blanc de satin synthétique. Sans doute que ses rêves et son âme s’étaient envolés de son crâne et ne pesaient plus rien.
Ma mère ne mourra plus.
Sur les photos que j’ai trouvées dans sa chambre, au fond d’un sac de toile bleue, elle a cinq ans sur les genoux de son père, douze ans dans une aube de communiante comme on n’en fait plus et seize en équilibre sur une branche, un sourire éclatant au lèvres qui n’efface pas tout à fait l’ombre dans son regard, les images de la guerre qu’elle vient de subir.
Ces clichés où la réalité s’estompe sous d’anciennes lumières maintenant éteintes serrent le cœur.