10ème et dernier ABECEDAIRE

Extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » (Zonaires éditions)

TIMIDITENicole grimaça. Les timides sont des agressifs rentrés, Daniel en apportait la preuve. Ce jeune photographe trop roux lui plaisait. Son attitude entre gêne et sincérité brute, ses yeux de chien battu, lui donnaient envie de le cajoler. Les écorchés vifs l’émouvaient plus que de raison. ………………………………………………………………………………………………………………………………….    
J’ai cru distinguer une moquerie là où il n’y avait peut-être que gentillesse. Je me rigidifiais des talons à la nuque. Des milliers de korrigans me boulonnaient les orteils au parquet, me vissaient les articulations, me tapissaient de feuilles de plomb. Je maudissais Pietro qui ne revenait pas. Timidité imbécile qui me désarmait dès qu’un être humain semblait m’accorder un quelconque intérêt
VILLE  Le béton colmatait entièrement le paysage, plaqué d’acier et de verre, sillonné de rails, d’échangeurs. La Certeuil du vingt et unième siècle s’alanguissait sous les rayons roses du couchant, percée de meurtrières, hachée de passerelles, saturée d’hypermarchés. Des buttes engazonnées reflétaient leur vert agressif dans le pétrole d’un lac artificiel. Voies souterraines, feux clignotants, flics, ambulances fonçant dans le trafic….
La trame complexe de la ville s’estompait dans le souffle granuleux d’un soleil voilé. Il songea au tableau de Vieira Da Silva accroché chez Mathis, dans sa maison des bords de Marne. Une architecture de cellules proliférantes, agglutinées. Ville minérale, impénétrable.
VINJ’ai empoigné la bouteille de Bordeaux et m’en suis versé un verre plein que j’ai bu d’un trait.     Sitbon riait.     
– Eh, oh ! Déguste, tu as vu l’étiquette ? Cinquante euros la bouteille. Un cadeau de Claude Mathis, justement     Je me suis resservi, j’ai mieux goûté :    
– Dégueulasse. On dirait qu’on boit du parfum. Mathis a toujours eu un goût de chiottes.  
VIOLENCE– Le pharmaco, il était à sa putain de fenêtre, ce nazebroque. Il a vu ce qui est arrivé à Lulu, mais il a rien dit de vrai. On lui a niqué sa race, à ce bâtard ! La tronche de sa boutique ! Il chialait, avec ses lunettes destroy et son zen éclaté.
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Il a basculé en arrière et s’est vautré sur le tapis. J’ai contourné le bureau, je l’ai attrapé par le col et je l’ai traîné sur la moquette jusqu’à la salle de réception. …………………………………………………………………………………………………………………………………..
Le bruit de deux détonations s’est confondu avec l’impact des balles dans la carrosserie. J’ai accéléré à fond. Dans le rétroviseur, la nuit s’est refermée sur le tireur.   …………………………………………………………………………………………………………………………………
J’ai projeté ma main vers le bras armé. Il m’a échappé. L’acier a cinglé l’air et m’a entaillé l’arête du nez. Brûlure aiguë. Malgré la douleur, j’ai répété le geste, cueilli un poignet, déséquilibré mon attaquant. De ma main libre j’ai enserré sa nuque épaisse. J’appuyais de tout mon poids tout en cognant sa main armée contre le bord de la table.
VOLTIGEL’avion est remonté brutalement. Il a décroché en virage et on s’est retrouvé sur le dos. J’ai tout simplement eu peur, une frousse incontrôlable. J’ai fermé les yeux. L’avion a repris de l’altitude. Pietro pilotait comme si je n’étais pas là. Il s’encourageait :    
– Et on termine par un décrochage de la mort !   Il a coupé les gaz, le moteur s’est arrêté et nous avons dévissé dans un sifflement d’air.
VULGARITEIl se rappelait la citation qu’elle lui répétait, une phrase qu’il n’avait pas comprise sur le moment, et qu’elle avait dû tirer de l’un des livres qu’elle baladait toujours dans son sac à main :    
La vulgarité n’est que le manque d’expérience des belles choses.
YEUXJe lui avais dit un jour qu’ils étaient couleur d’étang à l’automne, un étang pailleté par l’éclat doré des feuilles mortes. C’était au temps où je me targuais d’être poète et où elle était sensible à mes fadaises.

9ème ABECEDAIRE

Extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » (Zonaires éditions)

PSYCHOPATHESapé en costard sombre, hiver comme été, ce cinglé se la jouait demi-sel de film noir. Peut-être qu’il se prenait pour Bobby Peru, le psychopathe de « Sailor et Lula », un film déjà ancien qu’il visionnait en boucle… De Willem Dafoe qui jouait le rôle, Tony avait les chicots immondes et Sitbon se dit qu’il les lui ferait volontiers sauter à coup de latte.
RESISTANCE    – Résistance ! Résister à quoi, bordel ? Ils sont où, les nazis, dis-moi ? Quel délire !    
– Plus besoin de fascistes, ils ont gagné ! On est tous collabos d’un système qui bousille tout. Ceux qui tiennent le manche ont besoin de médiocres qui consomment leur merde et votent pour des médiocres à leur solde. Réussite totale ! Ils nous humilient, nous exploitent, nous tuent !
REVEMême à la loupe du légiste, les rêves d’un adolescent ne sont pas visibles dans sa cervelle mise au jour. Et Lulu en avait des rêves. Hassan les connaissait bien. Il en avait même impulsé certains : se tirer au bout du monde, voir du pays, des gens différents, changer d’air.
REVEILUn rayon de soleil a traversé le voile de mes paupières et s’est propagé le long du nerf optique jusqu’au tréfonds de mon cerveau.     J’ai ouvert les yeux.     Danse fluide des poussières lumineuses…     Mon esprit se diluait dans un espace indistinct. Je ne parvenais pas à nommer les objets autour de moi. Ma conscience, posée à même le sol, n’était qu’un noyau dur, concentré d’interrogations : Je suis où ? Qu’est-ce que je fais là ? J’apercevais le dessous d’une table. Souvenir de visions enfantines…
REVOLTENous, à leur âge, le mieux qu’on savait faire c’était des trucs qui nous permettaient d’oublier comment on vivait. Si on s’était révoltés au lieu de vouloir s’en tirer en faisant des casses à la manque, ça irait peut-être mieux aujourd’hui.
RIVIEREUne étroite rivière passait en contrebas du sentier. Le niveau de l’eau était assez bas. Je me suis aspergé le visage, récuré les mains. J’ai bu une gorgée d’eau. Elle était fade, presque sucrée.
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La Marne gonflée et boueuse ondulait son dos de couleuvre grasse sous les reflets jaunes des réverbères. Un vieux ponton grinçait dans le courant. La pluie mitraillait le toit et la buée sur les vitres brouillait un paysage d’usines et de docks que dissolvait le rayonnement des réverbères.
SAGESSEUn scarabée slalomait entre les mousses et les cailloux vers son destin secret. Il avait des reflets mordorés. Je l’ai saisi et je l’ai déposé sur une trajectoire inverse à celle qu’il suivait. Il  a erré un peu, hésité, viré de bord et, finalement, il a repris son chemin initial et a disparu sous les feuilles mortes. Sagesse d’insecte qui ne bouscule pas l’ordre du monde…
SANGLe bonhomme a rebondi entre les parois comme une bouteille dans un vide-ordures. Mais on a retrouvé des traces d’un sang différent sur les bords du puits et plus loin, sur le sol, grossièrement effacées par une marque de pied.
SOLEILL’air chaud affluait par les fenêtres ouvertes de la Clio. Je me suis garé sur l’avenue qui menait au centre commercial régional et j’ai continué à pied, guidé par le reflet du soleil, enchâssé tel un monocle flamboyant dans la façade en verre de l’hôtel de ville.
TAPISParlons chiffre. Le tapis, là, sous vos pieds ? C’est du Cachemire pure soie à neuf cent mille nœuds au mètre carré, non ? Tissé par des gamines de huit ans rendues à moitié aveugles par ce travail, douze heures par jour. Elles chantaient, selon vous ?

8ème ABECEDAIRE

Extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » (Zonaires éditions)

LugerP08 Erfurt 1917
PECHE1 – Un vieil homme pêchait des orphies à quelques mètres de nous. Il les tirait hors de l’eau l’une après l’autre. Poignards souples, éclats dans le soleil…. Ni Cathy ni moi ne nous posions de questions sur notre vie. Les questions, c’était l’horreur de ces orphies que le pêcheur jetait sur le rocher avant de les éventrer.
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2 – En fin de matinée, j’avais ramené un beau sar et un baliste. Celui-là, je m’en méfie. La première fois que j’en ai attrapé un, il m’a bouffé un bon morceau de pouce. C’est bardé de dents, ces machins là. Le sar et lui, on les trouve plutôt en méditerranée, signe que les eaux d’ici se réchauffent.
PERELa dernière fois que je l’ai vu, je revenais du collège. Deux infirmiers le maintenaient par les avant-bras, en bas de l’escalier. Il voyageait déjà très loin, l’œil décavé. Je m’étais écarté, m’efforçant de paraître indifférent. J’étais monté à l’appartement et je m’étais enfermé dans ma chambre. J’avais pleuré. De tristesse ou de soulagement, je ne sais plus.
PISTOLETJe me souviens avoir lu, gravé dans le métal du Luger, qu’il avait été fabriqué à Erfurt. Il y avait une petite couronne au-dessus du nom. Louis, mon paternel, en avait hérité, en même temps que de l’alcoolisme de son père. Il lui arrivait de nous terroriser avec. Pour rire, disait-il.
PIZZERIASur la rive opposée, le néon rouge d’une pizzeria vibrionnaient à la surface de la Marne. L’enseigne tremblait comme une aile malade.  
PLUIEAu sol, l’air était presque immobile, mais haut dans le ciel, le vent soufflait, amassant au-dessus de la plaine des colonies de nuages qui filaient et se regroupaient jusqu’à tapisser l’horizon. Bientôt, une obscurité bleuâtre s’est posée sur la campagne, la forêt s’est assombrie, les champs de paille se sont couverts d’aiguilles de verre. L’horizon était noir. Au loin, un rideau de pluie descendait vers le sol.
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Les lampes de la terrasse et du parc alignaient leurs cocons de lumière, la pluie brillait dans la nuit comme de la soie sauvage.
POLICEJ’entendais des cris d’enfants dehors. Ils étaient six, âgés peut-être d’une douzaine d’années, certains plus jeunes. Ils jouaient contre un seul but délimité par deux tas de vêtements posés sur les dalles de la place. Soudain, une voiture a pilé au bord du trottoir et trois hommes en sont descendus laissant les portières ouvertes.  Les policiers de la BAC ont interpellé les gosses qui ont cessé de jouer et les ont regardés venir vers eux, comme s’ils avaient l’habitude de cette situation. Un des hommes les tenait en joue avec un flash-ball, un  LBD, comme on dit. Les deux autres les ont alignés, mains en l’air, nez contre le mur de l’immeuble. Ils leur ont fait écarter les jambes et les ont palpés alors qu’ils n’étaient vêtus que d’un pantalon de survêt et d’un tee-shirt. Après quelques menaces que les mômes ont écoutées sans réaction, les agents sont partis en faisant crisser les pneus de leur véhicule. Les jeunes ont repris leur jeu comme si rien ne s’était passé. La scène avait duré moins de cinq minutes. Pas à dire, à Certeuil, on formait la jeunesse.
POLITIQUELa discrimination raciale et sociale, le mépris de classe, les violences policières, le sexisme, avaient gagné du terrain, malgré les marches, les révoltes, les belles promesses des politiques.
PORTRAITIl mâchait les grains de réglisse avec un désagréable bruit de succion mouillé. L’espace d’un instant, il fit profiter son patron de l’affligeant spectacle donné par l’autre moitié de son visage : chair turgescente, fripée de beige sale, percée de deux narines béantes. Le mollusque verdâtre de son œil unique lançait des éclats humides de reconnaissance.

7ème ABECEDAIRE

Extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » (Zonaires éditions)

MASQUELa canicule et les deux mois de confinement que nous venions de subir invitaient les gens à rechercher le grand air et les horizons sans limite. En ce qui me concerne, quelque soit les circonstances, je venais chaque jour de l’année nager mon kilomètre. Et si je plongeais, c’était sans masque !
MEPRIS   Il ne revenait chez lui que par nécessité, toujours accueilli par des phrases mordantes. Sa femme le méprisait. Comme s’il pouvait à volonté grandir de dix centimètres, doubler son salaire en restant honnête, abolir le rouge carotte de ses cheveux, être quelqu’un d’autre.
MOTOIl n’avait pas mis son casque. C’était bon de rouler sur le dos de cette campagne exubérante, le visage lifté par le vent tiède. Sa Norton ronronnait d’aise. Il exultait :    
– Putain, la vie revient !     Il goba une famille de moucherons qu’il recracha dans le souffle chaud du moteur.
OCEANIl n’y a que les villes du bord de mer qui savent vous offrir l’horizon au bout de leurs ruelles. Face à l’océan, votre verticalité existe, l’angoisse crève dans l’œuf. ………………………………………………………………………………
J’ai fait la planche un moment et c’est avec peine que je suis reparti en brasse vers le rivage. À mi-chemin, mes forces m’ont abandonné. Des paquets d’eau s’abattaient sur moi. Je remontais encore comme un bouchon sur la crête des vagues mais c’était avec de plus en plus de peine. Je buvais la tasse.     Eau du baptême, eau de l’extrême-onction….  
ODEUR– L’élégance en chemise à fleurs, parfumée à Eau de friture ! Tes voisins ne te font pas trop la gueule quand ils te croisent dans l’escalier ? Ils te goupillonnent à l’Air Wick ?
OPERALa Callas chantait Vissi d’arte, vissi d’amore. La Tosca. Eliza avait emmené Sitbon l’écouter à l’Opéra, un jour. Il se  rappelait son souffle chaud sur sa joue quand elle commentait l’action.    
– Elle va poignarder Scarpia, vous allez voir…
ORAGE1 – À l’est,  le ciel se chargeait de nuages sombres ; la lumière de fin d’après midi donnait du relief au moindre brin d’herbe. Mathis posa ses roses dans un seau, ôta ses espadrilles, goûta sous ses pieds la fraîcheur élastique du gazon. Il gagna le fond du parc, à la pointe de l’île Sainte-Cécile. Un saule pleureur allumait ses feuilles dans la lumière d’orage. Il remarqua que le niveau de la rivière avait encore baissé, les gencives à nu de la rive déchaussaient des racines entartrées de boue noire. …………………………………………………………………………….
2-  Un éclair a tranché le ciel, cuivré la façade vitrée de la préfecture. Le fracas du tonnerre s’est répercuté entre les tours. Des larmes tièdes ont roulé sur la poussière des trottoirs, gouttes de mercure vite évaporées. Sous le déluge, j’ai couru m’abriter dans la station du R.E.R. J’ai attendu longtemps que la tempête se calme.
PAUVRETEManuel avait pris au moins cinquante kilos depuis que Sitbon l’avait perdu de vue. A quinze ans, il méritait déjà l’attention des services sociaux, mais les secours n’étaient jamais arrivés. ………………………………………………………………………………..
– Fermez vos gueules, les pauvres, amusez-vous ! Hijo de puta ! Ça économise des frais de police et d’armée ! Les riches, y vont leur reprendre tous leurs acquis sociaux, aux pauvres. Dansez, imbéciles !  

6ème ABECEDAIRE

Extraits de mon roman« Le réveil du crabe lune » (Zonaires éditions)

GALASamir repéra le buffet où se pressait une foule de bourgeois en tenue de gala. Il se faufila parmi eux, écrasant les escarpins et les richelieus, pressé d’atteindre les petits fours et les mignardises. Ses camarades l’imitèrent. On leur délivra sans barguigner plusieurs bouteilles de Coca. Les barbares étaient dans la ville, mais pas si terribles finalement, pensaient les serveuses encocardées.
GRAILLONLes secousses de son rire ébranlaient la végétation de sa chemise, propageant une aigre odeur de sueur et de graillon. Notre proche voisine a échangé sa place avec celle de son partenaire, probablement un handicapé olfactif. Le maître d’hôtel est arrivé, l’allure pincée de celui qui regrettait d’avoir laissé entrer ces clients-là.
GRISJ’ai examiné mon visage dans le rétroviseur. Brouillé comme les façades qui me dominaient, gris comme les passants qui m’observaient.
HOULELa houle me berçait. C’était mon remède habituel en cas de problème.
ÎLE DE GROIXLe Grumman a survolé l’île de Groix. J’ai montré à Pietro la Pointe de la Croix et sa plage convexe semée de poussière de grenat. Vers Port Lay, une nuée de voiliers sillonnait l’émeraude de la mer autour de l’île. À la fin de l’été, ils disparaîtraient comme une volée de moineaux, laissant le champ libre aux marins du pays. Les rares encore en exercice…
IMAGEComment effacer les vieilles images, les noyer dans leur saumure quand elles viennent polluer les rêves, gâcher les souvenirs ? 
IVRESSEJe me sentais mieux. L’ouragan pouvait dévaster la ville, je me déplaçais maintenant sur coussin d’air. Chez Le Corse, en face de la gare routière, j’ai commandé successivement deux Pastis créoles. On n’était pas à Doëlan, il a fallu que j’explique : moitié pastis, moitié rhum brun, avec un glaçon. Surdout, bas d’eau ! Ma diction hasardeuse me renseignait sur mon degré d’alcoolémie. Mon estomac réclamait des substances solides. Le McDO me faisait de l’œil. J’ai mal supporté son pain sucré et sa tarte en carton. Une eau de vie de mirabelle glacée prise debout au zinc du Café des Sports a ravivé mes aigreurs, suivie par un deuxième verre censé les calmer.
JESUS    – Souviens-toi de ce que disait le mec de Nazareth : laisse les morts enterrer les morts !       – C’est une façon de voir. Il a dit aussi : …que celui qui n’a point d’épée vende son vêtement et achète une épée.
MAISONUn jour, il m’a invité chez lui. Une maison, une vraie, trop blanche, trop propre, au fond d’un jardin si vaste qu’il finissait en parc au bord de la rivière. Eliza, la femme de Mathis m’a accueilli avec simplicité, souriante. Elle m’a m’embrassé sur les deux joues comme un neveu.
MALAISEJ’ai redémarré, la nuque raide, le nerf optique vrillé. Un zigzag lumineux palpitait dans un coin de mon œil gauche, obscurcissant peu à peu mon champ de vision. La migraine grimpait l’échelle de ma colonne vertébrale.
MANIFIls déambulèrent par les rues défoncées de la cité, interpellèrent les gens perchés sur leurs balcons, ceux qui tenaient les murs au bas des escaliers. Ils les invitaient à les rejoindre. Certains les traitaient de mickeys qui feraient bien de retourner dans leur bac à sable au lieu de jouer à la révo. Hassan, était leur principale cible. Après l’avoir traité d’intello, de brêle, les racailles du bâtiment 7 promirent d’aller zoner en ville sur le soir et d’y manifester à leur manière…. ………………………………………………………………………..
Les manifestants dégoulinaient de sueur sous le soleil impitoyable, les semelles des Nike collaient au goudron. On reprit en chœur des slogans dans un ensemble approximatif.

5ème ABECEDAIRE

Extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » édité par Zonaires

DORYPHOREDoryphore !…  Une insulte désuète, racornie… J’avais eu droit à la même à mon arrivée dans le coin. On ne savait pas que j’allais m’ancrer à ce bout de rocher.
ECOLOGIEElle l’avait apostrophé alors qu’il choisissait des chaussettes dans un supermarché. Elle lui avait conseillé de les prendre en coton  pur, d’en vérifier l’origine, à cause des OGM, des pesticides qui inondaient les cultures intensives en Asie, puis elle avait enchaîné sur l’exploitation des peuples du tiers monde. L’air de bien se foutre de lui.
EMEUTELes Rémouleurs débordèrent Belarbi et Mercier, bousculèrent Malika, renversèrent les barrières, occupèrent la place. Deux audacieux, ceux qui avaient fait tomber la fille, foncèrent sur la porte du commissariat en se servant d’une barrière comme bélier. Le blindage ne broncha pas d’un millimètre.
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– Le parking du centre commercial ressemble à un camp retranché barricadé de chariots empilés, de voitures incendiées qui obstruent tous les accès. Des casseurs, venus d’on ne sait où, ont forcé les portes de l’hyper-marché avec un camion volé.  Maintenant, c’est le pillage ! Nous allons descendre sur la place car la fumée dégagée par un véhicule en flammes gêne considérablement la vision…
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Une voiture brûlait devant le multiplex. Les pompiers gesticulaient derrière les flammes. Leurs formes noires traversaient par instants la fumée striée de bleu par l’éclat des gyrophares. Des groupes s’enfuyaient vers la haute ville.
ENFANTCette année là, elle avait voulu des tresses africaines, les mêmes que sa copine Leïla. Des tresses châtain clair, blondies au soleil et terminées chacune par un élastique de couleur différente. Elle levait la tête vers moi en mettant sa main en visière pour protéger ses yeux. Des yeux d’un bleu changeant, ceux de sa mère… …………………………………………………………………………..
Pour Marie j’étais le héros qui avait réussi à faire bouger la roche tremblante à Huelgoat, un rocher de plus de cent tonnes. Le truc n’est pas sorcier mais elle n’en revenait pas.
ENTERREMENTUn soleil aveuglant cassait ses rayons sur le marbre des tombes. Une onde brûlante s’élevait du cimetière, dissipait les formes, torsadait les verticales et donnait l’impression que le cortège qui suivait le corbillard se déplaçait derrière une vitre ruisselante.
ETANGLa surface sombre du bassin reformait son miroir autour de mes jambes. Il y flottait des particules végétales vieil or. Des punaises aquatiques nageaient sur le dos vers le fond. Je suis sorti de l’étang et j’ai étendu mes vêtements sur un buisson de ronces. Un nuage a éclipsé le soleil. L’étang a pris une couleur plombée, l’eau a perdu sa transparence. Les oiseaux se sont tus.
FEUIl manœuvra le tisonnier engagé sous une bûche. Une longue flamme torsadée s’éleva, escortée d’une volute d’escarbilles incandescentes. Il modifia l’inclinaison de la tige de métal, éveillant une nouvelle série d’éruptions.
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Je me suis senti en droit de me foutre de lui :    
– A votre place, je remettrais un peu de bois, il gèle cet été !    
– L’hiver est partout, Jean, même si on ne le voit pas. …………………………………………………………………………
Le carton s’est caramélisé sur les braises. Les flammes dévoraient l’écriture, les lettres apparaissaient un instant, très claires sur le fond brûlé, puis s’évanouissaient. Le papier se fragmentait en papillons noirs, vite aspirés par le conduit.

4ème ABECEDAIRE

Extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » paru chez Zonaires éditions

CITE1 – Les immeubles se succédaient, un peu ragaillardis, mercurochrome et bleu de méthylène sur la plaie. La vie grouillait encore au creux de la blessure. ……………………………………………………………………………..
2 – Sur le pas de la porte défoncée, un gamin hébété était assis dans la pisse de chien. Un autre tirait sur un mégot. La fumée a chassé un instant l’odeur qui montait du sous sol. Vieilles urines, désinfectant, épluchures pourries. Ce sirop de vie n’avait rien d’un nectar. ……………………………………………………………………………….
3 – Je suis remonté à grandes enjambées vers le haut de la cité. Des enfants zonaient sous l’ombre des acacias, des vieux fumaient debout au coin d’une rue. Ils ont cessé leurs palabres à mon passage. Un chien a levé la patte contre une voiture privée de roues. Sur une chaise pliante, une africaine en boubou vert acide cousait une étoffe bariolée. Près d’elle, un minot déluré en maillot de bain lançait des pierres sur une boîte de conserve.
COHABITATION   – Il y a des filles assez dingues pour cohabiter avec toi, Pietro ?     – Ben, tu serais surpris.     – L’élégance en chemise à fleurs, parfumée à Eau de friture ! Tes voisins ne te font pas trop la gueule quand ils te croisent dans l’escalier ? Ils te goupillonnent à l’Air Wick ?
COURRIERDisparu ce monde où le courrier postal était vital, où les gens prenaient le temps de communiquer, de réfléchir à ce qu’ils allaient écrire avant de passer à l’acte. Le dieu argent et ses démons du profit ont évangélisé jusqu’au moindre trou perdu.
CRABE1 – J’étais aussi causant qu’un crabe-lune. Et comme lui, je n’aimais pas qu’on me sorte de mon sommeil.
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2 – J’en pêchais parfois dans mes casiers. Je me souviens de celui que j’ai rapporté un jour, énorme. Je me réjouissais de le faire goûter à Marie mais elle a entendu les cognements du crabe qui se débattait dans la marmite d’eau bouillante. Elle s’est bouché les oreilles et a fui en pleurant.  
CRSLa pluie effaçait la craie, le sang, renforçait les traces noires des incendies. Des cars de C.R.S stationnaient aux quatre coins de la cité des Rémouleurs, leurs toits fumaient après les ondées.
DENIKINEUn héros charmant qui a semé la terreur avec sa troupe hétéroclite. Il brûlait les villages traversés, tuait moujiks et koulaks sans distinction, pillait, violait, éventrait… Je ne dis pas qu’en face, les rouges étaient des saints, mais ceux de Denikine ont laissé une traînée de sang et de cendre à travers la steppe dont on se souvient encore de la Crimée à Moscou. Une chevauchée semée de pogroms, longue de dix mille kilomètres et autant au retour quand ces nouveaux Huns sont revenus sur leurs traces fumantes, pourchassés par l’armée rouge. Denikine a réussi à fuir aux Etats-Unis où il est mort peu après la seconde guerre mondiale
DESIRIl percevait sa respiration oppressée contre sa poitrine, sentait son parfum dans ses cheveux, luttant avec l’odeur du gin qu’elle exhalait de tous ses pores. Bientôt il s’était retrouvé en train d’essayer de dominer une érection tout en la serrant dans ses bras.
DESSINElle avait un sacré coup de crayon, Malika. Son geste sûr vous traçait des lettres impeccablement calibrées, ou encore il vous épinglait avec une caricature impitoyable. Elle avait appris à crobarder en copiant les bandes dessinées. Après Donald Duck et Largo Winch, elle était passée au portrait sur le vif. Elle devait être rapide pour croquer les frères et sœurs, surtout Walid, qui oubliait souvent de prendre sa Ritaline.

3ème ABECEDAIRE

Des extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » paru chez Zonaires éditions

CABANELa cabane en planches enduite de coaltar  luisait sous le soleil, pépite noire incrustée dans la falaise, au-dessus de la plage. Un toit de tôle protégeait une minuscule terrasse. On y montait de la grève par un escalier taillé dans le rocher qui rejoignait le sentier côtier.
CADAVREDès l’entrée du sous-sol, l’odeur avait suffoqué le groupe d’architectes venus faire le point sur les travaux stoppés par un litige entre le département et le constructeur. Des mouches noires bourdonnaient autour du cadavre qui se liquéfiait sur le sol de ciment.
CARBONARA    – Vous ne dérangez personne. D’ailleurs, la porte vient de s’ouvrir. Daniel est parti nous acheter des lardons, du fromage et de la crème.    
– Pas de crème dans la carbonara ! s’offusqua Puget en claquant la porte.
CAUCHEMARDes milliers d’osselets disséminés dans une gangue de pâté de foie. Une terre rouge, confite de gravier d’os.  J’ai ouvert les yeux. Mon cauchemar me laissait une dernière image, un assemblage de squelettes d’oiseaux.
CHARCUTERIEUn jour, je suis revenu avec un sac chargé : saucisson, jambon, baguette, chocolat, un litre de vin rouge, des malabars… Le tout acheté avec les sous glanés comme d’habitude dans le porte monnaie de ma mère ou les poches de mon père. Zoubir a protesté.   
– Du porc ! T’es maboul ! Mon père va me tuer !   
– Pourquoi il saurait ? Tu vas lui raconter ? En plus, c’est du cheval. Je te jure !    J’avais discrètement arraché l’étiquette représentant un cochon rose, hilare, indécent et je lui avais tendu une moitié de sauce.   
– Cul béni, va !    Il avait eu un regard soupçonneux avant de plonger et replonger ses dents dans la chair grasse. Ensuite, il avait bu une bonne rasade de vin pour combattre le sel de la charcuterie. Zob à la sobriété ! Pour le faire rire, je m’étais fourré des morceaux de couenne de jambon dans les narines en guise de morve et je lui avais avoué ma trahison en exhibant l’étiquette. La tête cassée par le gros rouge, il s’en était fait un badge.
CHAUSSURES J’ai abandonné mes godasses à regret en tentant de cacher le trou de ma chaussette droite. L’odeur était aussi infamante que l’accroc. Je cherchais à déplacer le moins d’air possible en lustrant le sol avec mes panards, taureau avant la mise à mort.
CHEMISEDes chemises blanches, taillées sur mesure. Il se vantait d’en changer deux fois par jour. Ne m’avait-t-il pas affirmé, un soir qu’il était en verve, que le seul honneur d’un homme était de mourir dans une chemise propre ? J’ai pensé : corrompu, oui, mais dans un linceul immaculé.
CHIENSoudain, un roquet bondit dans leurs jambes, aboya. Tony lui décocha un coup de pied sous le poitrail qui l’envoya bouler à quelques mètres. Le chien se carapata vers un coin sombre. ……………………………………………………………………………
Le chien aboyait, babines retroussées sur des canines d’égorgeur.   
– C’est pas du pit-bull de zonard, le Rosco à Francis, a plaisanté Bruno.

2ème ABECEDAIRE

Extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune »

BALLes projecteurs stroboscopiques découpaient la chanteuse platinée en rondelles épileptiques. Robe fuchsia trop serrée, elle se trémoussait, en braillant du Claude François mal relooké. L’Espagnol est descendu de son tabouret, son œil ajusté sur le profil déjà aérodynamique d’une gamine venue se démener sous le nez du révolutionnaire cacochyme.
BARBECUEArrivé chez moi, j’ai préparé un bon barbeuc, j’ai vidé deux maquereaux, les ai mis à griller et je suis allé chercher une bouteille de muscadet bien fraîche. Avec une tomate à la croque au sel, ça me faisait un bon repas dégusté à l’ombre du tilleul. 2- il s’occupait du barbecue installé à trois mètres du camion, histoire d’éviter l’asphyxie des buveurs. C’était le modèle classique made in Ploucland : un ancien bidon d’huile de deux cent litres nettoyé à l’essence enflammée, percé de trous sur les côtés. Les normes européennes pouvaient aller se faire voir ! Pietro avait fixé au-dessus une vieille grille de four qui vrillait sous l’effet de la chaleur.
BIDULETony sortit de la Jeep.    
– Tu as ton bidule ? questionna Mathis, en se penchant par la portière.    Le garde du corps écarta son veston, dévoilant la crosse de son arme qui dépassait de sa ceinture.    
– Je veux dire ton téléphone, Ducon !
BIEREJ’ai plongé la main dans l’eau fraîche et j’en ai tiré une canette de bière ruisselante. Le soleil étincelait sur l’émeraude du verre.
BOCAL    Sur le comptoir, un poisson chinois tournait dans son bocal fluo. Il s’est immobilisé. Des bulles montaient à la surface. J’ai collé mon nez contre la paroi de l’aquarium. Le poisson a haussé les épaules.    
– Personne n’aime son bocal, lui ai-je confié en ratant ma descente du haut tabouret.
BOUDHALa lumière du couchant colorait de rose les murs de la pièce et réchauffait le décor purement fonctionnel. Le Bouddha de bronze posé sur un bureau métallique et encadré de deux bâtons d’encens à moitié consumés donnait une note incongrue à l’ensemble.
BOUDHISME    Sitbon contourna un paravent asiatique où convulsaient des dragons et s’approcha de l’alcôve. Les deux bâtons d’encens fumaient encore, encadrant une bougie allumée. Le bouddhisme n’avait rien à voir avec cette parodie
BRETAGNEPeut-être étaient-elles retournées au pays Pagan, à Kerlouan ? Je me suis rêvé avec elles jouant à cache-cache derrière les énormes rochers qui parsèment la plage… Ou bien elles se baladaient sur le sentier côtier qui part de Morgat derrière la maison des minéraux. Nous y avions marché ensemble parmi les pins et les bruyères en fleurs. Nous étions passés près d’une crique difficilement accessible. L’eau y était transparente. Elle variait du turquoise à l’outremer et de l’outremer au cobalt.
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En passant le pont sur la Laïta, j’ai admiré la rivière. C’était marée haute, la mer remontait la ria. Un petit caboteur filait dans le soleil vers l’embouchure du Pouldu. J’ai aspiré la brise iodée qui me parvenait par la vitre ouverte. Je revivais.
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Ma barque glissait sur l’eau noire du port. Debout à l’arrière, je godillais, savourant la paix cliquetante des drisses et des mâts. Il fallait louvoyer entre les grappes de voiliers attachés à leur corps mort.
CABANELa cabane en planches enduite de coaltar  luisait sous le soleil, pépite noire incrustée dans la falaise, au-dessus de la plage. Un toit de tôle protégeait une minuscule terrasse. On y montait de la grève par un escalier taillé dans le rocher qui rejoignait le sentier côtier.

ABECEDAIRE N° 1

Des extraits de mon roman « Le réveil du crabe lune » chez Zonaires éditions.

ACACIA :   – Avance ! C’est toxique, les fleurs d’acacia…   
Le kid, s’approcha d’eux, se haussa sur la pointe des pieds, cueillit une grappe, avala quelques pétales.   
– Ma mère, elle fait des beignets avec, ça rend immortel, elle dit.
ADOLESCENCEà cet âge là, les copines m’occupaient pas mal. Et pas pour leur réciter du Musset. Ma timidité congénitale n’avait pas résisté au flux hormonal de l’adolescence.
AFFICHESIls collaient ses affiches, ils ne les lisaient pas. Ils le suivaient aveuglément, faisaient le coup de poing avec des colleurs d’affiches rivaux sans voir que c’était plutôt ceux-là qui défendaient leurs intérêts.
AMOURLe visage enfoui dans ses cheveux, j’ai perçu la caresse d’une main douce et fraîche sur ma nuque, une caresse retenue. De l’inédit, du jamais vécu. Plus de trou ni d’odeur puante, plus de corps. Quelques secondes d’éternité. J’ai murmuré à l’oreille de Lucie une phrase oubliée depuis. Le roman-photo s’installait …
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Seule Léa parvenait à me sortir de mon marasme. Alors je la dévorais de baisers, plongeais dans son corps offert.  L’amour avec Léa m’ouvrait des ciels resplendissants, comme lavés après l’orage. Il me poussait des envies de couleurs sur les doigts, de frôlement de pinceaux sur la toile. Je caressais Léa, je la dessinais, parcourant sa peau claire de lacis ondulés. …………………………………………………………………………….. ……………………………………………
Il était resté jusqu’au dernier instant près de sa femme, tenant sa main, sentant sa vie givrer sous ses doigts.
…………………………………………………………………………………………………………………………… Pietro se sentait stupide. Une si belle nuit ensemble et la voilà fâchée. Les femmes étaient des énigmes. Il s’approcha d’elle, écarta ses lourdes mèches et murmura à son oreille :    
– Naïma, Naïma !    
Elle se déplia si vivement qu’il en sursauta. Déjà elle l’entourait de ses bras en disant :    
– Tu me croyais vexée. Je suis bonne comédienne, hein ? ………………………………………………………………………… …………………………………………………
Elle écarta les rideaux. La rue était déserte, tranquille. Elle regarda un moment le buisson de mauves, près de la grille, à l’endroit où il l’avait serrée contre lui.
ANGEJe suis resté appuyé à la rambarde du balcon, les coudes serrés contre mon corps. Gêné par ma nudité. Plus tard, Léa m’a dit que je lui avais fait penser à un ange aux ailes repliées veillant sur la ville. Voilà ce qu’on imagine quand on lit trop de poésie. J’avais ri. Pas d’elle et de ses images saint-sulpiciennes mais de mon ridicule.
ARBREEn caressant son écorce, je me suis souvenu d’un temps où le monde était à peu près en ordre, où chaque odeur, chaque événement, chaque rencontre, participait au plaisir de vivre; où la mort n’était qu’une idée flottante, lointaine, aussi peu dérangeante qu’une bruine d’été.
ARTElle avait tenu à lui montrer comment Patinier avait inventé le paysage, oui, inventé, mon cher Franck, en démontant la toile, en analysant comment le peintre étageait le décor : l’estuaire du fleuve, la campagne, et, au-dessus, les contreforts montagneux surmontés de nuées opaques et sombres.

J’en ai marre !

Cet été, j’ai entendu des avis très positifs de quelques lecteurs (souvent inconnus de moi) qui ont beaucoup aimé mon roman « Le réveil du crabe lune » :

J’ai dévoré le livre ! /Je l’ai lu d’une traite / Un genre de Thriller très original / Une histoire qui ne laisse pas de répit et une écriture dont je salue l’efficacité./ Une écriture magnifique… /…Envoûtante / Alors oui et il y a un auteur, un vraiun souffle inégalable etc…

Non, je n’ai pas marre de savoir que ce roman est aimé par ceux qui le lisent. Seulement voilà, peu de gens ont eu à connaître son existence ou à en apprendre quelque chose qui leur donnerait envie de le lire. Alors, oui, je me révolte contre le peu d’occasion qu’à ce livre d’être connu, d’être visible et je suis bien impuissant pour remédier à cet état de chose. Je me désole de savoir que ce roman plaît et qu’il mériterait une meilleure diffusion.