Un texte extrait de : « Poésies de l’Ordinaire »
Le jeune boucher n’aime pas son métier
Il aime seulement couper la viande
Un samedi
dans son camion
sur le marché
il tranche un cœur de veau
Il a le nez rouge
les joues rouge
les doigts rouge
Il dit
j’ai très froid
je vais démissionner
Que feras-tu après, jeune boucher ?
Je reprendrai mon ancien métier
Quel était-il, jeune boucher ?
Cuisinier
Et avant, chauffeur routier
Lequel choisirez-vous, jeune boucher ?
Routier
On a chaud
on voit du pays
des gens
Fini, la viande !
Alors bonne route, jeune boucher !
Un samedi matin
en Moldavie
dans un fossé
écrasé
sous son camion renversé
le jeune routier
pense à un cœur de veau
Il dit
Je vais démissionner
J’ai très froid
Il est rouge de la tête au pied