ALICE

Une des deux héroïnes de mon roman en cours de finition.

Elle escalada la butte rocheuse en glissant un peu sur ses tennis et s’assit sur le gazon ras qui poussait au sommet, jambes ballantes dans le vide. Des mouettes s’éloignaient à tire d’aile vers le flamboiement de l’horizon qui virait au violet. Pochade divine. La mer montante roulait avec fracas ses rouleaux sur toute la largeur de la côte et, de temps en temps, une lame plus forte résonnait au fond d’une cavité. Au bout de la plage, là où les rouleaux étaient les plus violents, quelques silhouettes de grenouilles noires, adeptes de bodyboard, rangeaient leur matériel. À l’horizon, les lumières de l’île de Groix commençaient à pointer dans le crépuscule.

   Alice avait un peu froid mais sa migraine s’estompait. Elle se revoyait naviguant vers l’île, son père à la barre de son vieux canot de bois équipé d’une voile au tiers et elle cramponnée au plat bord lorsque le bateau gîtait. Nostalgie et mal de mer en technicolor…

   Il faisait nuit quand elle redescendit de son perchoir presque encerclé par l’eau. Elle longea la plage. La pleine lune courait derrière le moutonnement des nuages et son reflet scintillant était brouillé par les déferlantes. Au loin, les éclats du phare de Pen-Men balayaient la surface agitée de l’océan.

Elle remonta sur le chemin de la lande. Elle n’était pas croyante et pourtant elle s’arrêta longuement pour écouter la rumeur des vagues en imaginant Irina et Vincent heureux, réunis au-delà du temps. Illusoire réconfort avant de rejoindre le décor navrant de sa chambre d’hôtel.

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