Un chapitre de « La vie, au contraire » un roman en cours de correction.

J’ai eu peur toute la journée que Sammy ne revienne, qu’il me suive et qu’il me frappe encore. Ma mère m’avait dit un jour : dans un couple, peu importe les disputes. Les hommes ne savent pas raisonner et une seule chose les intéresse chez nous – tu vois ce que je veux dire – alors, on finit toujours par avoir gain de cause. Le plus grave, ce n’est pas ça. Le plus grave, c’est le mépris. Je te le dis : au premier signe de mépris de ton amant ou de ton mari – ce que je ne te conseille pas d’avoir – tire-toi ! Tout de suite ! Crois-moi, ton histoire est foutue. Ne reste pas une minute de plus. Sinon, tu y laisseras ta santé et ta joie de vivre.
Des types qui m’ont déçue il en traîne quelques uns à Paris mais la gifle de Samy m’avait convaincue un peu plus que chaque homme, fût-il aussi policé et doux que lui au début de notre relation, recelait intérieurement un potentiel de brutalité qui ne demande qu’à s’exprimer. Spécialement à l’encontre des femmes. Ma mère donnait souvent des conseils qu’elle ne suivait pas elle-même mais il fallait bien l’admettre : j’aurais dû quitter Samy quand il a commencé à me prendre pour une conne. Il se la jouait révolutionnaire alors qu’il était pété de thune gagnée je ne sais trop comment. Du mépris, il en avait pour tout le monde. Un caractériel, un enfant gâté, colérique et violent.
J’étais devenue en quelques heures tout ce que je détestais, une vraie parano se retournant sans cesse dans la rue, prenant le taxi pour éviter le métro. Une fois enfermée chez moi, j’épiais le moindre bruit de pas dans l’escalier. J’avais encore deux jours à attendre avant de rejoindre Alice, incapable de dominer ma peur.