
Un texte qui n’est pas dans mon roman mais qui fait allusion à un certain personnage :
Embranchement des arthropodes – sous embranchement des Crustacés (du mot crusta = croûte) – classe des Malacostracés – ordre des décapodes – famille des cancridae (carapace ovale en largeur, avec le bord antérieur découpé, nettement décalé par rapport au bord postérieur)
Je ne vais pas te déranger, crabe dormeur. Je sais que sous cette roche, à la lisière de l’air et de l’eau, dans les limites de l’estran, tu te reposes de la fatigue des océans. On peut bien te traiter de paresseux, tourteau placide, mais tu couvres tes 150 Km par semaine sous la mer, de cette démarche un peu de guingois qui fait conseiller aux ivrognes dans mon village « bois un coup de gnole, ça te fera marcher droit ».
Je sais que tu serais difficile à extirper de ton trou, que tu brandirais tes pinces en mouvements brusques et désordonnés vers mes doigts. Que sorti de là et retourné sur ma paume, tu replierais tes pattes sous ta carapace d’un beige irisé et tu ne bougerais plus, faisant le mort, exposant à mon étonnement l’architecture complexe des dessous de ta carapace, d’aspect si simple et si bonasse quand je la contemple de toute ma hauteur alors que tu fuis vers ton abri marin.
Crabe dormeur, sinon prince des mers, du moins discret va-nu-pinces… Te surnomme-t-on poupard parce que bébé, déjà, tu semblais passer tout ton temps à dormir ? Ou bien clos poings parce que ta colère te jette pinces en avant ?
Je te préfère crabe-lune, poète noctambule rêvant à de belles inconnues arthropodes t’offrant l’étreinte de leur chair molle à la fin de leur mue. Elles garderont jusqu’à deux ans ta semence en stock pour féconder leurs œufs, pas étonnant que tu sois infidèle. J’ai envie de croire pourtant que tu te souviens d’elles avec émotion quand quelques bulles montent de tes mandibules de charognard.
Je ne vais pas te déranger, crabe dormeur. Je hasarde juste un doigt, un doigt furtif sur ton dos couleur chamois, sur cette carapace dont peu de gens savent que c’est ton squelette. Je sais qu’à force de bonne chair, ami nécrophage, lorsque tu grossiras, elle limitera la place disponible pour ton organisme. Je sais que tu déclencheras alors, par une action hormonale, la constitution d’une nouvelle cuticule, molle et moulée sous la première, et qu’après avoir abondamment gonflé d’eau tes tissus, tes mouvements de contorsionniste te libèreront de ta rigide enveloppe externe. Bravo, l’artiste !
Je t’imagine, crabe dormeur, filant vers les coulisses après ton tour périlleux pour te cacher dans le sable. Le temps que ta nouvelle cuticule durcisse. Le temps surtout d’échapper aux prédateurs affamés de ta chair nacrée.
Et dans la chaude nuit d’août, si je tends l’oreille à marée basse, je t’entends grignoter, mélancolique solitaire, la dépouille explosée de ton exuvie.
Je pars en voyage lundi prochain..
j’aimerais bien qu’il soit le compagnon de mon vol .
si je le commande aujourd’hui, penses-tu que je l’aurai à temps?
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En le commandant aujourd’hui, chez un libraire ou chez Zonaires éditions (dans ce cas précise que c’est urgent) je pense que tu peux l’avoir à temps. En tout cas merci !
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Je viens de le faire Joël! auprès de Zonaire!
je pense que je pourrai partir avec!
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Bonne lecture, alors. Enfin, je le souhaite.
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Je ne te laisserai pas sans te dire …
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J’y compte bien. Les avis et critiques sincères me sont indispensables
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