Du recueil « Patience du sable »

Ta voix s’évapore de l’autre côté du téléphone
Les pièces minutes sonnent contre l’acier de l’abîme
Des grappes rouges brûlent l’arbre toxique
Les orages de Poitiers traversent la France
Deux éclairs parallèles vibrent encore dans le ciel
La moisson brille sur les champs de pluie
Tu t’évades au-delà de l’ennui
sur le versant triste des Pyrénées arides
Bagdad est en flammes
Un car brûle sur l’autoroute
Notre chagrin s’ajoute aux malheurs du monde
La lune pleine enfante un ciel d’opéra
La Beauce est plate
la Brie mouillée
Le monde éclate
Un homme ensanglanté pose sur la photo
Les enfants grillent sur les routes
sous les villes
Tu passes indolente
silencieuse
Quand grésille l’orage
les mouches électriques
parcourent l’espace
plus rapides que nos voix
Nos corps se désirent
nourris de paix
de fruits calibrés
Nous sommes résolus à donner l’exemple du bonheur
Une goutte d’eau sur le brasier