
La vie reprend ses doigts
crispés dans nos cœurs
coincés dans nos machines
Rouages rouillés
Sang caillé
sous les ongles taillés
Passe son souffle gelé
entre les barreaux scellés
Nous derrière
assis et poussière
sous la lumière crue
Unique
en notre cellule nue
glacée la nuit venue
Un beau matin
notre image ride le miroir
Des songes durs
cailloux noirs
crèvent la surface lisse
propagent l’onde
augure de nos vies lasses
Nos cellules de chair
aveugles matrices
dupliquent sans répit
l’imparfaite copie
le pâle fantôme
de leurs atomes
Devant je vois
la nuque rasée de l’aurore
Derrière j’entends
ton pas lourd
le nôtre
Nos murmures glissent
sur les carreaux lavés
les bétons
les métaux
les rampes lisses
la pisse en flaques
En file grise
notre tribu soumise
défile sous le tunnel droit
Nos orbites vides fouillent l’air
cherchent le mince filament rouge
EXIT