Le journal de Vincent Malbec

Le chien qui pleure s’est posé sur son cul et m’a barré le chemin en me fixant de ses mirettes de cocker. Il m’a appris d’un coup de langue que tu fleurissais toujours sur le terrain vague. Celui de mon esprit mélancolique que personne ne désire viabiliser. Je n’ai pas su quoi lui répondre.
La dernière lettre que j’ai reçue de toi est vieille de quinze ans. Ton numéro de téléphone y était inscrit en post-scriptum. Je ne t’ai pas appelée. Tu ne me désirais pas au temps où je t’aimais. Tu ne m’as pas donné la priorité au carrefour des illusions. Tu écris, dans ta lettre, qu’il faut qu’on se revoie avant d’être trop vieux et de ne plus se reconnaître. Tu me fais des baisers très doux et tu signes du prénom que j’ai tant psalmodié en t’espérant. Je suis nostalgique de tes lèvres, de leur adolescence vermeille et je redoute la griffe de tes rides actuelles autant que je maudis les miennes. Si tu veux de mes nouvelles, Lola, cherche-moi dans mon existence virtuelle en gardant de moi l’image dont tu te souviens, même si elle n’est plus d’actualité. Ouvre ton moteur de recherche et tape mon nom, tu me reconnaîtras. Je parle, sur un blog secret, d’un chien qui pleure…